Un test ADN pour évaluer les risques de cancer du poumon

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/un-test-adn-pour-evaluer-les-risques-de-cancer-du-poumon_s.jpgMesurer à l’aide d’un test salivaire la probabilité pour un fumeur ou un ex-fumeur de développer un cancer des poumons, c’est ce que promet une équipe de chercheurs néo-zélandais de l’université d’Auckland.



Pour quelle raison certaines personnes ayant fumé toute leur vie ne souffriront-elles jamais d’un cancer du poumon, alors que des individus n’ayant jamais touché une cigarette s’en verront affectés ? C’est de cette interrogation que sont nés les travaux en génétique du Pr Young, qui ont débouché récemment sur le test «Respiragene». Ayant démontré que certaines personnes sont porteuses de marqueurs ADN qui les rendent plus vulnérables à cette pathologie, l’idée a germé de proposer un calcul personnalisé du risque en combinant analyse génétique et données médicales du patient.

Produit par la société Synergenz BioScience Ltd, liée à l’Université d’Auckland, le test a été présenté en Nouvelle-Zélande début juin, où il peut déjà être acheté au prix de 275 dollars néo-zélandais (125 euros environ).

Identifier les plus vulnérables

L’enjeu est d’importance, car le cancer du poumon est le plus mortel des cancers courants : la moitié des personnes atteintes décèdent dans l’année du diagnostique, et 80% meurent dans les deux ans. Toutefois, le taux de survie augmente sensiblement si la maladie est détectée tôt, et le fait d’arrêter de fumer réduit le risque de développer cette pathologie. D’où l’intérêt d’identifier les individus les plus vulnérables. A cet effet, la classification retenue par les inventeurs de «Respiragene» permet de ranger les personnes en trois catégories : risque modéré, élevé ou très élevé.

Très simple d’utilisation (il suffit de frotter un bâtonnet à l’intérieur de la joue), le prélèvement est envoyé dans un laboratoire où les résultats sont interprétés au regard de certains renseignements fournis par le patient âge, éventuelles bronchites chroniques ou emphysème (une maladie des alvéoles pulmonaires qui crée une gêne respiratoire) et antécédents de cancers du poumon dans la famille. Etrangement, la quantité de cigarettes fumées n’est pas prise en compte : «nos recherches n’ont pas montré de différence dans les résultats entre quelqu’un qui fume 10 cigarettes par jour ou 20», justifie Steve Markscheid, responsable de la communication chez Synergenz Bioscience.

Si le test n’est pas interdit aux personnes n’ayant jamais fumé, l’intérêt pour elles de s’y soumettre est néanmoins très limité car, explique Steve Markscheid, «le risque est très mince pour un non-fumeur de développer un cancer du poumon». «En revanche, il a pour intérêt de mettre les fumeurs en face d’une évaluation concrète de ce qu’ils risquent en continuant de fumer, eux qui, selon des études, ont tendance à croire avec optimisme que la maladie les épargnera».

En France, le Dr Bruno Hausset, président de la Fédération française de pneumologie, juge l’innovation «tout à fait intéressante», bien qu’il lui semble encore prématuré de la proposer au grand public. «Leurs recherches montrent que le test aboutit à beaucoup de «faux positifs» (des personnes qui sont classées dans une catégorie de risque supérieure à la réalité). On risque donc de générer une angoisse inutile chez ces gens. Par ailleurs, on manque de recul pour connaître le pouvoir dissuasif de ce test chez les fumeurs. Combien vont vraiment arrêter une fois le résultat connu ? Enfin, les recherches génétiques ont été effectuées sur des Néo-Zélandais, qui, bien que de type «caucasien», ont certainement un patrimoine génétique très différent du nôtre ».

Vendu pour le moment sur internet uniquement, «Respiragene» pourrait à terme être disponible en pharmacie. Le site recommande d’en parler à son médecin avant de faire les démarches.



Source : Figaro Santé

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