Un vaccin H1N1 en spray nasal aux États-Unis

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/un-vaccin-h1n1-en-spray-nasal-aux-etats-unis_s.jpgProduit à partir de virus atténués, le FluMist est bien accepté outre-Atlantique mais n’a pas été autorisé en Europe.

Le FluMist est actuellement le vaccin contre la grippe A dont on parle le plus aux États-Unis. La vaccination a démarré là-bas au début du mois et il a déjà éclipsé tous ses concurrents. Pourquoi ? Parce que c’est le seul vaccin anti-H1N1 à être administré sous forme de spray nasal. Les autres sont injectés par voie intramusculaire. Résultat, on le voit partout, à la télévision et dans les journaux. L’image qu’il donne de la vaccination est plutôt rassurante : un petit enfant docile et confiant, une seringue dans une narine comme si on lui mettait des gouttes dans le nez contre le rhume. Rien de bien méchant donc et surtout, pas la sacro-sainte piqûre redoutée par beaucoup. «Tout ce qui permet à une vaccination d’être mieux acceptée par la population est une bonne chose. Le spray nasal n’est pas la panacée mais c’est une piste intéressante dans l’arsenal contre la grippe», reconnaît Bruno Lina qui dirige le Centre national de référence de la grippe à Lyon.

40 millions de doses

Produit à Philadelphie par la firme de biotech MedImmune rachetée en 2007 par le laboratoire AstraZeneca, le FluMist a été prêt le premier pour être distribué aux États-Unis. Le gouvernement américain a vu grand puisqu’il a prévu, selon les dernières prévisions, de vacciner la moitié de la population. Il a commandé à ce jour 251 millions de doses de vaccins anti-H1N1 à cinq laboratoires : AstraZeneca (MedImmune), CSL, GlaxoSmithKline, Novartis et Sanofi-Aventis. La part de MedImmune représente à elle seule 40 millions de doses. La commande a été faite alors que les vaccins devaient être administrés en deux doses à trois semaines d’intervalle. Aujourd’hui le CDC recommande une dose unique, sauf pour les enfants âgés de moins de 9 ans.

Le vaccin par spray nasal n’est pas un inconnu aux États-Unis. Il a été autorisé en 2003 contre la grippe saisonnière par la FDA (l’Agence américaine du médicament et de la sécurité alimentaire). Le 15 septembre dernier, il a été agréé contre le virus H1N1 pour les personnes en bonne santé âgées de 2 ans à 49 ans. Il assure une protection de 92 % supérieure à celle d’un placebo chez des jeunes enfants âgés de 15 mois à 7 ans.

L’originalité du FluMist ne se borne pas à son mode d’administration par voie nasale. Contrairement à ses concurrents qui sont tous produits à partir de virus inactivés (tués), il est développé à partir de vaccins vivants atténués, d’où son autre nom LAIV (Live Attenuated Influenza Vaccine). C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il peut provoquer des rhinites, des maux de tête ou des vomissements chez les enfants et des «petits» syndromes grippaux chez les adultes.

Les autorités sanitaires européennes n’ont pas voulu autoriser le FluMist en dépit de sa bonne acceptabilité. Il pose «des problèmes de sécurité virale concernant en particulier la stabilité des souches» , peut-on lire dans La Grippe en face, un ouvrage collectif publié par les Éditions Xavier Montauban. «Le virus a été atténué par une série de mutations mais son fabricant ne nous a pas donné de garanties suffisantes sur la stabilité de ces mutations», précise Bruno Lina.

Plusieurs restrictions

Le CDC (Centre de contrôle des maladies) a émis plusieurs restrictions pour son utilisation. C’est ainsi, par exemple, que les personnes en contact avec des personnes sévèrement immunodéprimées ne doivent pas être vaccinées par le FluMist, comme c’est le cas du personnel hospitalier. Ils risquent en effet de communiquer la grippe aux patients. Mêmes restrictions pour les femmes enceintes, les enfants âgés de moins de 2 ans, les asthmatiques, les personnes ayant des maladies du cœur ou des problèmes respiratoires ainsi que les allergiques aux œufs.

L’acceptabilité du FluMist aux États-Unis tient aussi au fait que, contrairement aux autres vaccins H1N1, il ne contient pas de thiomersal, un composé du mercure qui favorise la conservation. «Il n’y a jamais eu de problèmes de toxicité avec ce produit, relève toutefois Bruno Lina. Ce n’est pas la peine d’agiter le chiffon rouge.»

Verra-t-on bientôt en Europe des vaccins en spray nasal produits à partir de virus inactivés ? Sans doute pas. Des tests effectués récemment en Suisse avaient montré des effets secondaires inquiétants : plusieurs personnes avaient eu des paralysies faciales provoquées par un des adjuvants.



Le Figaro Santé

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