Epidémie en Allemagne : quelles sont les conséquences d’une infection à E.Coli

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/epidemie-en-allemagne-quelles-sont-les-consequences-d-une-infection-a-e-coli_s.jpgDans la plupart des cas l’infection à Escherichia coli provoque une diarrhée sévère. Mais en Allemagne, la bactérie est également responsable d’une affection sévère : le syndrome hémolytique-urémique, pouvant être mortelle.

Une bactérie répandue



Escherichia coli (E. coli) est une bactérie habituellement présente dans le tube digestif de l’homme et des ruminants. La plupart des souches de E. coli sont sans danger. Certaines souches, cependant, comme les souches entérohémorragiques (ECEH), peuvent être à l’origine de toxi-infections alimentaires (TIA) graves.

Les infections à E.coli sont fréquentes, se produisent généralement suite à la consommation d’aliments crus contaminés comme la viande hachée mal cuite (on parlait même de maladie du hamburger aux Etats-Unis), fromages au lait cru ou légumes souillés ou d’eau non potabilisée (puits, rivières).

Qu’est-ce qui rend la bactérie dangereuse ?



Les souches ECEH fabriquent des toxines, connues sous le nom de verotoxines ou de toxines de type Shiga en raison de leur ressemblance avec les toxines élaborées par Shigella dysenteriae. A l’intérieur de ce groupe de bactéries ECEH, les biologistes créent des sous-groupes d’après les réactions immunitaires que provoquent ces microbes (leurs antigènes déclenchant la production d’anticorps spécifiques par l’organisme humain). On parle alors de sérotype. O157 :H7 est le sérotype le plus fréquemment rencontré dans les flambées épidémiques liées à l’alimentation.

La souche isolée dans le nord de l’Allemagne appartient au sérotype O104. Elle n’a jamais été impliquée dans une épidémie. Elle est également à l’origine d’une épidémie de grande envergure avec plus de 200 personnes contaminées, toutes originaires ou ayant séjourné en Allemagne.

Quels sont les symptômes classiques ?



Les symptômes des maladies provoqués par ECEH sont notamment des crampes abdominales et des diarrhées susceptibles d’évoluer vers des diarrhées sanglantes (colite hémorragique). La fièvre et les vomissements peuvent également s’observer. La période d’incubation est de 3 à 8 jours, avec une médiane de 3 à 4 jours. Dans la plupart des cas la guérison s’obtient dans les 10 jours.

Une complication grave : le syndrome hémolytique-urémique



Dans un petit nombre de cas, l’infection à E. Coli peut être compliquée par l’apparition d’un syndrome hémolytique-urémique (SHU). Celui-ci est caractérisé par une défaillance rénale aiguë, une anémie hémolytique et une diminution du nombre de plaquettes. On estime que l’infection à ECEH peut évoluer en syndrome hémolytique-urémique chez 10% des patients atteints, avec un taux de létalité de 3 à 5%. La bactérie Allemande est à l’origine de 674 cas de SHU pour environ 2300 patients infectés, ce qui est exceptionnel, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).  Ils ont causé 24 décès à ce jour.

Globalement, le syndrome hémolytique-urémique est la cause la plus fréquente d’insuffisance rénale aiguë du jeune enfant. Il peut être à l’origine de complications neurologiques (telles que convulsions, accidents cérébrovasculaires et coma) dans 25% des cas de syndrome hémolytique-urémique, et de séquelles rénales chroniques, bénignes en général, chez 50% des survivants.

Quels traitements ?



Il n’existe pas vraiment de traitements contre cette souche bactérienne, dont les premières analyses ont révélé qu’elle était résistante à une grande variété d’antibiotiques. Cependant ce la ne change pas le cours du traitement puisque les antibiotiques sont déconseillés en cas d’infection par les ECEH. Ils risquent en effet d’augmenter la production de toxines Shiga. Les gènes qui produisent ces toxines sont en effet portés par un intrus dans le génome de la bactérie: un virus -ou phage- qui infecte uniquement les bactéries. Et qui s’est intégré dans l’ADN de ces E. coli. Or les antibiotiques peuvent réveiller ces phages et déclencher une grande production de toxines.

Très rapidement au cours de l’infection, ce n’est pas contre la bactérie qu’il faut lutter mais contre la présence des toxines dans le sang, notamment en faisant des échanges de plasma.

En cas de SHU, les médecins traitent les différents symptômes avec des méthodes parfois semblables à celles employées en réanimation : transfusion,  filtration du sang ou hémodialyse.

Cependant, les médecins allemands disposent pour traiter les cas les plus graves d’un médicament à l’essai. Il s’agit d’un anticorps monoclonal utilisé pour soigner une maladie rare du système immunitaire (la maladie de Marchiafava-Micheli). Il a déjà été testé sur trois enfants atteints de ce syndrome et est en cours d’usage sur les patients les plus sévèrement atteints. Il est encore trop tôt pour disposer d’une vue réelle de son efficacité.

Source : Science et Avenir

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