Insomnie: la psychothérapie plus efficace que les somnifères

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/insomnie-la-psychotherapie-plus-efficace-que-les-somniferes_s.gifSi vous souffrez d’insomnie chronique, il se pourrait que vous ayez avantage à troquer les somnifères contre une psychothérapie de type cognitivo-comportementale.

C’est ce qu’indiquent les résultats d’une étude menée par des chercheurs de l’Université Laval, publiées dan le Journal of the American Medical Association (JAMA)1.

Ayant mis au point une psychothérapie de type cognitivo-comportementale efficace pour traiter les insomniaques, le psychologue Charles Morin et son équipe voulaient savoir si l’emploi d’un somnifère pourrait contribuer à améliorer le traitement.

Ils ont ainsi recruté 160 personnes souffrant toutes d’insomnie chronique depuis 10 ans, en moyenne. Par définition, une personne souffre de ce trouble lorsqu’elle met plus de 30 minutes avant de s’endormir ou qu’elle passe plus de 30 minutes éveillée au milieu de la nuit, au moins trois fois par semaine.

Avec ou sans somnifère?

Pendant six semaines, tous les participants ont pris part à des séances hebdomadaires de thérapie cognitivo-comportementale visant à modifier leurs habitudes et leurs croyances relativement au sommeil et à l’insomnie. Certains prenaient 10 mg de zolpidem chaque soir – un somnifère hypnotique classique – et d’autres pas.

Puis, durant les cinq mois suivants, les séances de psychothérapie se sont déroulées sur une base mensuelle.

Résultat : la prise de somnifère s’est avérée efficace en association avec la psychothérapie, mais seulement pendant les six premières semaines.

Au cours de cette période, la psychothérapie – seule ou en association avec le médicament – a permis de réduire significativement le temps nécessaire pour s’endormir, de même que la durée des périodes d’éveil au cours de la nuit, tout en améliorant la qualité du sommeil.

Mais à long terme, les personnes suivies en thérapie et qui avaient pris un somnifère seulement pendant les six premières semaines ont obtenu les meilleurs résultats : près de 70 % d’entre eux ont connu une rémission totale de leur insomnie chronique.

Par contre, ceux qui ont continué à prendre du zolpidem pendant les cinq mois suivants ont montré un taux de rémission de 42 %.

Pourquoi pareil résultat?

D’après Charles Morin, le fait de retarder le sevrage du médicament a pour effet d’amoindrir les effets bénéfiques de la psychothérapie.

« Nous pensons que s’ils n’ont plus du tout de somnifères après six semaines, les patients mettent plus d’énergie à modifier leur comportement », précise le psychologue-chercheur.

Selon lui, la médication serait surtout utile au début du traitement de l’insomnie chronique ou pour traiter les insomnies ponctuelles associées à des situations passagères, telles qu’un divorce ou une mise à pied.

Pour le remboursement de la psychothérapie

Au Québec, les frais de psychothérapie ne sont généralement pas couverts par le régime d’assurance maladie.

Aussi, M. Morin souhaite-t-il que les résultats obtenus dans le cadre de son étude incitent le gouvernement à allouer davantage de ressources aux traitements non pharmacologiques pour traiter l’insomnie.

« C’est tout de même paradoxal que le régime couvre le prix des somnifères, mais pas celui d’une psychothérapie qui s’avère plus efficace, surtout à long terme », insiste-t-il.

Il souligne aussi que les coûts sociaux générés par l’insomnie chronique, surtout sur le plan de l’absentéisme au travail et de la baisse de productivité, sont plus lourds que ceux qui seraient associés au traitement psychothérapeutique de ce trouble du sommeil.



Source : Passeport Santé

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