Trop d’hygiène pourrait nuire à la santé

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/trop-d-hygiene-pourrait-nuire-a-la-sante_s.jpgSelon une étude récente comparant des enfants américains et philippins, les environnements ultrapropres dans l’enfance augmentent le risque d’inflammation à l’âge adulte.

Faut-il laisser les enfants se salir pour les protéger des maladies cardiovasculaires à l’âge adulte ? C’est ce que suggère une étude conduite aux Philippines, publiée récemment dans la revue médicale Proceedings of the Royal Society B. «Nos recherches laissent penser que des environnements ultrahygiéniques dans l’enfance peuvent augmenter le risque d’inflammation à l’âge adulte, ce qui à son tour accroît le risque de contracter un grand nombre de maladies, notamment cardiovasculaires», a déclaré Thomas McDade (Northwestern University, Evanston), premier auteur de l’article.

Ce n’est pas la première fois que l’excès d’hygiène est pointé du doigt. Depuis quelques années, cette tendance de la vie moderne a été incriminée – aux côtés d’autres facteurs, dont la pollution et une diversification alimentaire trop précoce – comme l’une des causes de l’explosion des allergies. L’augmentation du niveau d’hygiène, mais aussi le recours très large aux vaccins et aux antibiotiques, empêcheraient le système immunitaire d’être stimulé par des infections dans la petite enfance. Ce qui le rendrait en quelque sorte plus disponible pour le développement d’allergies.

Des études ont confirmé que les enfants vivant en milieu rural souffrent moins d’allergies que les citadins. Ce qui pourrait même commencer dès la vie intra-utérine. Selon une enquête conduite en Nouvelle-Zélande, les bambins dont la mère avait passé une partie de sa grossesse au contact d’animaux de ferme avaient un risque diminué de 50 % de développer un asthme ou un eczéma par rapport à ceux dont la mère était restée citadine.

Plus de 1 500 enfants suivis

Les chercheurs américains se sont pour leur part intéressés à une cohorte d’enfants nés aux Philippines dans les années 1980, dont plus de 1 500 ont été suivis régulièrement de leur naissance jusqu’à 22 ans. Leurs conditions de vie et d’hygiène (notamment la cohabitation avec des animaux et le type de toilettes utilisé) étaient consignées, tout comme la survenue d’épisodes infectieux tels des diarrhées ou des infections respiratoires. À l’âge adulte, les participants ont eu un dosage sanguin de CRP (C réactive protéine), un marqueur d’inflammation de l’organisme. Chez les personnes en bonne santé, un taux élevé est considéré comme prédictif de maladies cardiovasculaires de type infarctus ou accidents vasculaires cérébraux. Le taux de la CRP de ces Philippins d’une vingtaine d’années a été mesuré en moyenne à 0,2 mg/l, quant il est de l’ordre de 1 à 2 mg/l chez les jeunes adultes américains. Les chercheurs ont aussi montré que chez les participants, le niveau de la CRP était inversement proportionnel au nombre d’infections qu’ils avaient contractées dans l’enfance. «Chaque épisode de diarrhée dans la deuxième année de vie était associé à une baisse de 11 % du risque de CRP élevé à l’âge adulte», écrit ainsi Thomas McDade. L’exposition à des déjections d’animaux entre 6 et 12 mois était corrélée à une réduction de 13 % de ce risque. Lequel chutait carrément de 33 % chez les individus nés pendant la saison sèche, c’est-à-dire poussiéreuse.

Reste à savoir si dans les décennies à venir, ces jeunes Philippins seront plus préservés des infarctus et autres attaques cérébrales que ceux qui ont grandi dans des milieux plus aseptisés. «Aux États-Unis, nous avons tendance à penser que nous devons protéger à tout prix les bébés et les enfants contre les microbes et les pathogènes. Mais nous privons peut-être leurs fonctions immunitaires d’apports extérieurs importants, qui sont nécessaires pour guider le développement de ces fonctions jusqu’à l’âge adulte», conclut Thomas McDade.

Source : Figaro Santé

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