Pour les pédiatres, la vaccination se justifie avant tout pour éviter les formes graves et les décès.
Alors que la campagne de vaccination va commencer officiellement cette semaine dans les collèges et les lycées, beaucoup de parents sont assaillis de doutes. Face aux données contradictoires qui circulent sur le virus et les vaccins, doivent-ils prendre la responsabilité de faire vacciner leur famille ? Réponses aux principales questions concrètes.
Pourquoi faire vacciner ses enfants ?
Comme pour les virus de la grippe saisonnière, les enfants sont une cible privilégiée du virus H1N1. «Cette grippe devrait toucher entre 10 et 25 % de la population. Mais il faut savoir que les jeunes sont les plus exposés, ils passent de longues heures ensemble dans des salles de classe, ce qui constitue un mode de contamination très efficace, explique le Pr Patrick Berche, microbiologiste à l’hôpital Necker (Paris). Selon lui, il n’est pas évident à ce jour que cette grippe soit plus grave que les grippes saisonnières précédentes. Mais comme la population est «vierge » ou presque de toute immunité, le nombre de cas d’hospitalisation, y compris chez les jeunes, sera plus élevé.
«Les enfants sont très infectés par le virus H1N1, confirme le Pr Catherine Weil-Olivier, pédiatre et spécialiste de la grippe. La plupart font une grippe bénigne, mais il existe des formes graves, avec insuffisance respiratoire aiguë, dont 30 % surviennent en l’absence de facteur de risque. » Actuellement, précise-t-elle, les hospitalisations pour grippe A (H1N1) sont nettement plus fréquentes chez les moins de 4 ans que dans les autres classes d’âge. Et le taux d’incidence de séjour en réanimation des nourrissons de moins de 1 an est le plus élevé en comparaison des autres tranches d’âge. Pour les pédiatres, c’est avant tout la survenue des cas sévères, potentiellement mortels, même en l’absence de facteurs de risque sous-jacents, qui justifie la vaccination des très jeunes.
«Le raisonnement est le même que pour les vaccins contre les méningites à pneumocoque et à Haemophilus, insiste le Pr Alain Chantepie, président de la Société française de pédiatrie. Aujourd’hui, la majorité des nourrissons reçoivent ces deux vaccins, ce qui permet d’éviter plusieurs centaines de morts par an. Je ne comprends pas pourquoi le vaccin contre la grippe pandémique ne serait pas aussi bien accepté. » Selon le dernier bilan de l’Institut de veille sanitaire, 16 nourrissons de moins de 1 an ont été hospitalisés en France pour une forme sévère de grippe A (H1N1) depuis le début de l’épidémie, et 32 enfants de 1 à 15 ans. Ces deux tranches d’âge représentent respectivement 7 % et 13 % des cas graves.
Quels sont les risques du vaccin pandémique ?
Selon les spécialistes, ils sont potentiellement les mêmes chez l’enfant que chez l’adulte. En pratique, «le risque d’effets secondaires des vaccins pandémiques est bien inférieur à celui de souffrir d’une grippe grave», assure le Pr Chantepie.
«Toutes les données recueillies jusqu’ici indiquent que les vaccins contre la grippe pandémique présentent un excellent profil d’innocuité, analogue à celui des vaccins contre la grippe saisonière», conclut un bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du 19 novembre. Parmi les 65 millions de personnes déjà vaccinées dans le monde, moins de dix cas suspects de syndrome de Guillain-Barré ont été signalés. Les effets indésirables les plus fréquents sont locaux : douleur, rougeur… Fièvre, maux de tête et fatigue sont aussi déclarés, qui disparaissent en 48 heures.
Qui sont les enfants prioritaires ?
Comme chez l’adulte, les plus fragiles sont en tête de liste. Il s’agit surtout des nourrissons et enfants souffrant d’une maladie respiratoire chronique (asthme nécessitant un traitement quotidien, mucoviscidose, séquelles de prématurité…) ; d’un déficit immunitaire ou d’une autre pathologie sévère (malformation cardiaque, par exemple). Les bébés de moins de 6 mois sont considérés comme prioritaires, mais ils ne peuvent être vaccinés. Leur protection passe donc par une stratégie de cocooning, consistant à vacciner leurs parents et entourage proche.
En pratique ?
Les centres de vaccination sont en train de s’ouvrir aux nourrissons de 6 à 23 mois, qui, comme les femmes enceintes à partir du deuxième trimestre devraient bénéficier d’un vaccin sans adjuvant. Certaines PMI pourront aussi vacciner les jeunes enfants. Les 5 millions d’élèves des collèges et lycées pourront dans les jours à venir se faire vacciner dans leurs établissements, sous réserve d’une autorisation parentale écrite. Les parents doivent aussi préremplir un questionnaire. Pour les écoliers de maternelle et de primaire, la campagne commencera début décembre. Ces enfants se rendront dans les centres de vaccination avec leurs parents qui répondront en direct au questionnaire médical.
Les fermetures d’école sont-elles utiles ?
Lundi, 264 établissements scolaires étaient fermés en France pour cause de cas de grippe ainsi que 364 classes, sur un total de 55 000 écoles et 11 000 collèges et lycées. Les préfets peuvent fermer une classe, voire un établissement, pour six jours à partir de trois cas apparus dans la même semaine dans une même classe, ou dans des classes ayant des activités partagées, comme la cantine. Tout comme les vacances scolaires, la fermeture des écoles est un moyen efficace de ralentir la progression du virus dans la population. Mais il est sans doute moins définitif que la vaccination.
Source : Figaro Santé