Le Mexique à l’arrêt, pandémie imminente de grippe porcine

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/db3866bb7f9a886a59b6093b8315a2ecth.jpgAlors que le nombre de cas confirmés à travers le monde continue d’augmenter, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé jeudi qu’il n’y avait pas de raison de porter pour le moment à son niveau maximal l’alerte pandémique face à la grippe porcine.

Au Mexique, où la maladie est apparue il y a une semaine, le président Felipe Calderon a invité ses concitoyens à rester chez eux jusqu’au 5 mai pour tenter d’enrayer la propagation de la maladie.

A Luxembourg, les ministres de la Santé de l’Union européenne ont rejeté une demande française visant à interdire ou restreindre les voyages d’Europe vers le Mexique. Cette mesure n’est pas exclue si la propagation de la grippe porcine se poursuit sur le continent.

Plusieurs pays ont par ailleurs décidé d’interdire les importations de viande porcine et l’Egypte a commencé à confisquer et abattre des porcs en dépit des résistances des éleveurs. « Il n’y aucune raison d’agir de la sorte, c’est une grippe humaine, pas une grippe porcine », a dénoncé Joseph Domenech, vétérinaire en chef de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui milite pour un changement d’appellation de la maladie.

NIVEAU D’ALERTE INCHANGÉ

L’OMS a déclenché mercredi la phase 5 de son degré d’alerte, qui correspond à un risque imminent.

Le passage à la phase 5, sur une échelle qui en compte 6, est « un signal fort indiquant qu’une pandémie est imminente et qu’il reste peu de temps pour finaliser l’organisation, la diffusion et la mise en oeuvre des mesures d’atténuation prévues ».

« Cette indication reste d’actualité aujourd’hui (jeudi) », a déclaré dans l’après-midi Keiji Fukuda, directeur général adjoint de l’organisation.

Le relèvement au niveau 5 place les gouvernements en alerte sur le besoin de stocker des traitements antiviraux comme le Tamiflu produit par Roche AG et Gilead Sciences ou le Relenza du laboratoire GlaxoSmithKline, et donne un coup d’accélérateur aux efforts de l’industrie pharmaceutique pour créer un vaccin contre le nouveau virus.

Près d’une semaine après l’émergence de la maladie, des cas de contamination au nouveau virus H1N1 ont été confirmés dans douze pays, les Pays-Bas étant le dernier entrant sur cette liste en expansion. En France, la dernière estimation de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) fait état de cinq cas probables et 36 cas suspects.

MENACE SUR L’ÉCONOMIE MEXICAINE

Avec 2.500 cas, dont 176 mortels, le Mexique demeure le pays le plus touché par la maladie.

Lors de sa première allocution télévisée depuis l’apparition de la maladie, le président Felipe Calderon a recommandé mercredi soir à ses concitoyens de rester chez eux jusqu’à lundi. Il a parallèlement fait fermer les administrations et les entreprises dans les secteurs « non-essentiels » de l’économie.

L’objectif est de « briser le cycle de reproduction du virus », a expliqué son ministre des Finances, Agustin Carstens.

Les conséquences économiques de la maladie font craindre une récession aussi sévère que la « crise Tequila » des années 1994-95.

Alors que l’économie mexicaine est déjà confrontée à un ralentissement prononcé – le PIB a reculé de 8% au premier trimestre -, les annulations massives des grands opérateurs de voyage étrangers portent un coup sévère au tourisme, qui représente près de 8% de l’économie locale.

LA VRAIE MENACE ?

Aux Etats-Unis, où le président Barack Obama a promis que toutes les mesures nécessaires à la lutte contre l’épidémie seraient mises en oeuvre et exclu à ce stade la fermeture de la frontière mexicaine, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) recensaient au dernier pointage 109 cas confirmés de grippe porcine.

Selon ce nouveau point, il n’y a toujours qu’un cas mortel, un petit Mexicain de 22 mois hospitalisé à Houston, au Texas, dont la mort a été annoncée la veille.

Dans ses propres laboratoires, l’OMS n’a confirmé pour l’heure que huit décès dus à la grippe porcine – sept au Mexique et un aux Etats-Unis.

Au total, l’OMS recensait jeudi d’après-midi 236 cas confirmés de contamination au virus H1N1 à travers le monde. Outre le Mexique et les Etats-Unis sont également concernés le Canada, l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande, Israël, le Pérou, l’Autriche, la Suisse et les Pays-Bas.

Pour certains virologues, cette souche de H1N1 serait moins dangereuse que le virus H5N1 de la grippe aviaire. Masato Tashiro, qui dirige le centre de recherche sur les virus influenza à l’Institut japonais des maladies infectieuses, estime même qu’il y a un risque à utiliser massivement les réserves d’antiviraux.

« Nous serons désarmés lorsqu’il nous faudra combattre la grippe aviaire, dont le virus H5N1 demeure la principale menace contre l’humanité », dit-il au quotidien Nikkei.

Source : L’Express

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