Première démonstration de l’effet protecteur d’un vaccin contre le VIH

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/premiere-demonstration-de-l-effet-protecteur-d-un-vaccin-contre-le-vih_s.jpgDes résultats positifs, mais modestes, ont été obtenus lors d’un essai clinique en Thaïlande: le risque d’infection par le virus du sida a été réduit d’environ 30% après vaccination. Beaucoup d’incertitudes demeurent sur l’avenir de ce double vaccin.

La combinaison de deux candidats vaccins contre le sida a permis de réduire le taux d’infection par le VIH de 31,2%, ont annoncé ce matin les promoteurs du vaste essai clinique mené depuis six ans en Thaïlande. C’est la première fois qu’un effet protecteur est obtenu lors d’un essai de vaccination contre le sida sur l’Homme, ont-ils souligné.

Après les mauvaises nouvelles de ces derniers mois, notamment l’échec de l’essai STEP mené par le laboratoire Merck, l’annonce d’un effet protecteur, même partiel et modeste, apparait comme une bonne nouvelle pour la recherche vaccinale contre le VIH. L’Organisation mondiale de la santé, Onusida, ou l’IAVI saluent ces résultats, tout en se montrant prudents sur la suite des événements.

Plus de 16.000 adultes, hommes et femmes, avaient été recrutés pour cet essai de phase III dirigé par le médecin-chef de l’armée américaine, en partenariat avec les autorités de Bangkok, la firme Sanofi Pasteur et une association, le GSID (Global Solutions for Infectious Diseases). La moitié des volontaires a reçu six injections vaccinales en six mois, l’autre moitié six injections avec un placebo. Tous ont été informés régulièrement des mesures prophylactiques pour se protéger du virus du sida. Ils ont été suivis pendant trois ans.

Finalement il y a eu 51 infections par le VIH dans le groupe vacciné, 74 dans le groupe ayant reçu le placebo.

Deux candidats vaccins ont été utilisés : d’abord quatre doses d’ALVAC pour déclencher une réaction de défense immunitaire et deux doses d’AIDSVAX pour la renforcer. ALVAC est un produit conçu par Sanofi Pasteur (ex Aventis Pasteur) qui se sert d’un virus désactivé pour introduire trois gènes (synthétisés) du VIH pour induire une réponse immunitaire. AIDSVAX, mis au point par la société VaxGen, contient lui une version génétiquement modifiée de la gp120, une protéine de surface du VIH.

Pas d’effet sur la charge virale

Bien que la différence entre les deux groupes soit petite, elle est «statistiquement significative» selon les organisateurs de l’essai clinique. Cependant, un autre résultat les surprend : chez les personnes infectées, la charge virale (quantité de virus dans le sang) est la même, qu’elles aient ou non été vaccinées. Alors qu’on pouvait s’attendre à ce que le vaccin fournisse une protection partielle contre le VIH et fasse baisser cette charge virale.

Il reste donc encore aux chercheurs à comprendre comment la vaccination a agi et quels types d’anticorps elle a permis de produire. Une analyse détaillée des résultats doit être présentée le mois prochain à Paris à l’occasion de la conférence internationale sur les vaccins contre le sida (Aids Vaccine 2009).

Autre question qui demeure en suspend : cette combinaison vaccinale, élaborée à partir de souches virales circulant en Thaïlande, serait-elle efficace contre les souches de VIH qui sévissent en Afrique, en Amérique ou ailleurs ?

Les précédents essais cliniques menés avec ces deux produits séparément avaient fait la preuve de leur innocuité mais pas de leur efficacité. AIDSVAX avait même connu un échec douloureux. En février 2003 VaxGen avait annoncé l’échec de l’essai mené sur plus de 5.000 volontaires, AIDSVAX n’ayant conféré aucune protection contre l’infection par le VIH. Depuis, VaxGen a cédé les droits de propriété intellectuelle de ce candidat vaccin à GSID.

Source : Le NouvelObs

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