Sida: proposition d’un dépistage généralisé à la population

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/sida-proposition-d-un-depistage-generalise-a-la-population_s.jpgLa Haute autorité de santé (HAS) recommande que le dépistage du virus du sida soit proposé systématiquement à toute la population, de 15 à 70 ans, afin de combler le « retard important » de la France, où quelque 40.000 personnes ignoreraient qu’elles sont séropositives.

« Il ne s’agit pas d’organiser un dépistage massif dans lequel on passerait toute la population, il s’agit de déclencher un réflexe, notamment chez les médecins », a expliqué mercredi à l’AFP Etienne Caniard, membre du Collège de la HAS. « Il n’y a rien d’obligatoire », a-t-il précisé.

Chaque année, la France enregistre 6.000 à 7.000 nouvelles contaminations par le VIH.

Demandé par la Direction générale de la santé, le rapport sur la stratégie de dépistage du VIH devait initialement être présenté la semaine prochaine. Après des révélations du journal Libération, la HAS a décidé de le mettre en ligne mercredi.

« L’élément majeur » qui a conduit la HAS à prôner une généralisation du dépistage est le constat d' »un retard important », a souligné M. Caniard. « Des gens très souvent découvrent leur séropositivité au stade du sida, ce qui pose de gros problèmes individuels et collectifs », a-t-il indiqué.

Ce retard les prive d’un accès à des traitements efficaces et expose les autres à un risque de contamination important, alors que les traitements permettent de faire baisser la charge virale et de diminuer la contamination.

Les populations identifiées comme à risque ne sont pas les plus concernées par le retard au dépistage, a souligné M. Caniard. Ce sont des « gens qui sont mariés, ont des enfants, ont un certain âge, qui peuvent avoir des pratiques qui les conduisent à prendre des risques, mais qui ne se considèrent pas comme une population à risque et qui donc négligent la démarche de dépistage ».

Parallèlement, la HAS recommande d' »amplifier, de mieux organiser, le dépistage systématique vers les populations à risque » : hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, hétérosexuels ayant plusieurs partenaires, usagers de drogues injectables, personnes originaires de zones à haute prévalence comme l’Afrique sub-saharienne ou les Caraïbes…

Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008, s’est déclarée « favorable à un dépistage volontaire, pour autant qu’il ne soit pas obligatoire et qu’il repose sur une responsabilisation ». « On se responsabilise si on vous explique les choses », a-t-elle précisé à l’AFP en marge de la Conférence internationale sur le vaccin contre le VIH, à Paris.

Avis favorable également de Jean-François Delfraissy, directeur général de l’Agence nationale de recherche sur le sida, qui a estimé sur France-Inter qu' »il faut tenir compte de l’hétérogénéité de l’épidémie en France ».

« Clairement, il faut qu’on bouge sur des propositions de dépistage », a-t-il dit, citant les tests rapides de dépistage ou « des propositions de dépistage qui sont faites par le milieu associatif lui-même ».

Interrogé sur le risque de stigmatisation, M. Caniard a relevé qu' »il existe toujours, mais de façon un peu différente de ce qu’on a pu observer ». « Quand on était face à une épidémie qui était en grande partie sans réponse, le risque de stigmatisation avait une importance beaucoup plus grande qu’aujourd’hui », a-t-il déclaré.

« On continue de recommander toutes les précautions en matière de dépistage autour du VIH : confidentialité, respect de la personne », a-t-il souligné.

La HAS est un organisme qui fait des recommandations, la prise de décision revenant au ministère de la Santé.

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