Ces rongeurs à l’ADN 100 % féminin ont une meilleure espérance de vie.
Les femmes sont réputées vivre en moyenne plus longtemps que les hommes. Et cela est également vrai dans de nombreuses espèces animales. Les raisons en sont sans doute multiples, mais des chercheurs japonais viennent de mettre le doigt sur un argument troublant : des souris femelles conçues avec les chromosomes de deux «mères» vivent plus longtemps que leurs semblables conçues classiquement avec les chromosomes d’un père et d’une mère (travaux publiés dans la revue Human Reproduction). D’où la conclusion qu’il existerait un élément génétique impliquant une baisse de la longévité dans le sperme des mâles.
Observations troublantes
Pour les besoins de leur expérience, Manabu Kawahara et Tomohiro Kono ont eu recours à des techniques de pointe. Ils ont «fabriqué», à partir de lignées de souris au patrimoine génétique identique, des embryons de deux types. Le premier, appelé «bimaternel», consistait à réaliser un œuf contenant deux jeux de chromosomes issus uniquement de femelles, puis à réimplanter l’embryon obtenu chez une souris porteuse. Le second type de souris, constituant le groupe témoin, a été réalisé avec un jeu de chromosomes provenant d’une femelle et un jeu de chromosomes provenant d’un mâle, comme cela se produit dans la nature.
Les deux chercheurs japonais ont obtenu treize souris dans chaque groupe, dont ils ont suivi la croissance, le poids, différents paramètres sanguins et la durée de vie. Toutes les souris étaient placées dans les mêmes conditions de vie, le plus stériles possible. Leur ration alimentaire était la même, l’éclairement identique tout comme l’alternance jour-nuit ou la température et l’humidité de leurs cages.
Résultat : les 26 souris ont vécu entre 450 et 1 000 jours. Et la longévité moyenne des souris bimaternelles a été de 186 jours plus longue que celles des souris «classiques». Soit un tiers de durée de vie en plus. «C’est le seul laboratoire au monde à pratiquer ces techniques et à obtenir ces souris bimaternelles, explique Stéphane Viville, du laboratoire de biologie de la reproduction, à Strasbourg. Leurs résultats sont tout à fait étonnants et intéressants.»
D’autres observations troublantes ont été réalisées : les souris bimaternelles sont ainsi un peu plus petites et moins lourdes que les souris «classiques». D’où l’hypothèse qu’un facteur de croissance postnatal pourrait être impliqué. «Ce n’est pas la seule hypothèse, précise Stéphane Viville. D’une part, je ne suis pas sûr que le groupe de contrôle ait été assez maîtrisé. D’autre part, il faudrait préciser le rôle du métabolisme dans la longévité de ces différentes souris. La question de savoir si la longévité des mammifères est contrôlée par la part génétique d’un parent, ou des deux, reste ouverte.»
Source : Le Figaro Santé