Des traces d’un vrai virus dans le génome humain !

https://www.sante-decouverte.com/wp-content/uploads/imgsd/des-traces-d-un-vrai-virus-dans-le-genome-humain_s.jpgDepuis 2001, on sait qu’environ 8% de notre patrimoine génétique n’est pas hérité de nos ancêtres mais de rétrovirus. Un groupe de chercheur vient d’y trouver des traces d’un virus classique et connu, dont on sait qu’il est responsable de troubles neurologiques chez les mammifères. La découverte pourrait éclairer d’un jour nouveau certaines maladies mentales, comme la schizophrénie.

Chez les rétrovirus, le matériel génétique est fait d’ARN et non d’ADN. Pour se reproduire chez l’hôte infecté, ils copient une partie de leur ARN sous forme d’ADN, lequel s’insère ensuite dans le patrimoine génétique de l’individu contaminé. Pendant longtemps, on ignorait leur existence chez l’homme mais depuis quelques dizaines d’années on en connaît plusieurs, dont le HIV du Sida ou le HLTV de la leucémie. Surtout, on a découvert que certains rétrovirus étaient endogènes, c’est-à-dire que les séquences de l’ADN qu’ils introduisent dans le génome deviennent héréditaires.

A la surprise des généticiens, il a ensuite été découvert en 2001 qu’une partie non négligeable du génome d’un être humain, environ 8%, provient de rétrovirus et n’est donc pas héritée de nos ancêtres vertébrés. L’histoire se complique avec la découverte d’une équipe de chercheurs japonais menée par le professeur Keizo Tomonaga de l’Université d’Osaka. Chez certains mammifère, y compris chez l’homme, on trouve au sein du génome des traces d’un virus qui n’est pas un rétrovirus. Qui plus est, ce parasite est connu : c’est le vecteur de la maladie de Borna.

Cette pathologie touche les animaux à sang chaud et on en connaît les effets aussi bien chez les chevaux que chez les oiseaux. Elle tire d’ailleurs son nom de la ville allemande de Borna où, en 1885, la totalité des chevaux d’un régiment de cavalerie sont morts des suites de l’infection du virus.

Le virus de la maladie de Borna, ou bornavirus, ou encore BDV (pour borna disease virus), s’attaque spécifiquement aux neurones et l’infection peut se manifester par un comportement excité ou déprimé, une ataxie (des troubles de l’équilibre), des troubles oculaires et des postures ou mouvements anormaux. Chez les chevaux et les ovins, surviennent ensuite méningite et encéphalomyélite. Au final, la maladie est généralement mortelle chez ces animaux avec des taux de décès de 80 à 100% chez les chevaux et plus de 50% chez les moutons.

Faut-il revisiter certaines pathologies neurologiques ?

Chez l’homme, la situation est beaucoup moins claire mais on a des raisons de penser que le bornavirus pourrait être la cause de troubles neurologiques et psychiatriques, comme les troubles bipolaires, la dépression et la schizophrénie. Il est difficile de dire si le virus cause la maladie mais il semble établi qu’il y a parfois un lien entre ces maladies et le fait qu’il y a eu infection par ce virus.

Si ce lien existe vraiment, alors la découverte du caractère endogène du BDV chez l’homme incite à la réflexion sur le caractère héréditaire de certains troubles neurologiques. Cédric Feschotte, professeur de biologie à l’Université du Texas, se demande s’il n’y a pas là un moyen de justifier la présence de troubles comme la dépression et la schizophrénie qui apparaissent parfois chez l’homme après l’infection par le bornavirus. Dans cette hypothèse, les insertions de l’ADN du BDV dans les cellules nerveuses seraient à l’origine de ces pathologies. Ce raisonnement logique reste cependant une spéculation. Quoiqu’il en soit, la piste semble intéressante à suivre…



Source : Futura Santé

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